Werden – Devenir II
(1993/2001) pour clarinette & ensemble

(1-1-1-1/ 0-1-1-0/ harpe-vibraphone-2 perc.-piano & célesta/ 1-1-1-1-1 + clarinette solo)
Commande de Radio France pour le festival Présences 2002
Création par Véronique Fèvre, ensemble 2e2m, dir. Franck Ollu, Festival Présences 2002 de Radio France, Paris février 2002
Dédicace : à Laurent Bayle
Durée : 16 min.
Editions Jobert (Paris)

À l’origine de Werden il y a une partition antérieure, Devenir (1993), pour clarinette et électronique en temps réel. La partie de clarinette de cette partition est transformée, prolongée et amplifiée par des transformations ainsi que par des sons instrumentaux (sons de clarinette et pizzicati Bartòk d’un trio à cordes) retravaillés dans les studios de l’IRCAM. Au-delà de l’aspect technique (voire technologique, forcément dépassé aujourd’hui), ce qui m’a le plus frappé, au fur et à mesure des exécutions de Devenir, c’est cette suite de chants qui est pour moi l’essentiel de cette partition. Alors que dans un premier temps je ne me concentrais que sur les problèmes (mais aussi les réussites !) techniques de la partie électronique, j’ai toujours porté davantage mon attention sur le phrasé. Pour cette raison, j’ai voulu composer une version instrumentale plus aisée à donner en concert ; Devenir nécessitant un matériel important et coûteux. 

J’ai composé Werden avant tout comme une transcription de la partition d’origine : à peu de choses près, la partie de clarinette n’a pas été retravaillée. En revanche, la partie électronique de Devenir a été repensée, comme traduite. L’essentiel est préservé : l’élégie de la ligne de clarinette ainsi que la courbe formelle.

Werden n’est pas à proprement parler un concerto (la partition n’en a d’ailleurs pas le titre). L’écriture de l’ensemble instrumental est déduite de la partie du soliste : les instruments de l’ensemble soulignant les traits de la clarinette solo ou les amplifiant, bien plus qu’ils n’accompagnent. La clarinette est un peu comme un personnage unique qui soliloque et poursuit sa trace, inexorablement, sans se préoccuper des autres instruments qui sont en quelque sorte son ombre. Une dizaine de parties s’enchaînent ainsi, sans interruption, jusqu’à la dernière qui est une sorte de marche funèbre : la clarinette solo chante une mélodie pour une fois véritablement accompagnée par les accords répétés de l’ensemble qui se figent progressivement jusqu’au silence du soliste.

La déclinaison de Devenir se poursuit dans Initial (Devenir III)  pour clarinette solo.

Frédéric Durieux